Ce weekend, le Président Macron a encore démontré l’importance d’une interprétation de qualité et d’un bon système d’interprétation simultanée.
Décryptons lé déroulé de la conférence de presse du Président Macron et sa réaction lorsqu’il constate un problème d’interprétation. Dans l’ensemble, le Président Macron comprend bien le travail des interprètes, même s’il n’utilise pas toujours la bonne terminologie propre au métier.
Déroulé des événements :
1. Le Président Macron parle en français et se rend compte que son interlocuteur, le Premier Ministre du Kurdistan irakien, ne comprend pas ce qu’il dit.
2. Le Président Macron indique qu’ « Il est souhaitable pour ce que j’ai à dire ensuite que le Premier Ministre ait une traduction« . Dans ce cas, il s’agit bien d’une « interprétation » et non d’une « traduction ». En effet, la traduction consiste à traduire un texte écrit tandis que l’interprétation est orale.
3. Le Président continue en anglais (« Paris could organise a translation for the Primer Minister« ) et dit imaginer qu’il est certainement possible de proposer une « traduction » au Premier Ministre. Là aussi, le terme exact aurait été « interprétation ».
4. Le Premier Ministre reçoit alors un casque – récepteur Sennheiser généralement utilisé avec des kits mobiles inforport (« Tour Guide »). Il s’agit peut-être d’une solution de remplacement trouvée sur place, un plan « B » en cas de non fonctionnement du système d’interprétation initialement prévu.
5. Le Président français se rend compte que « personne n’a rien compris »… Il décide d’abandonner l’interprétation simultanée et de passer à une interprétation consécutive (c’est-à-dire sans cabine et sans écouteurs). Il propose de « faire un système en consécutif pour les personnes qui ne parlent pas le français » . Dans ce cas, il s’agit bien sûr d’une « interprétation consécutive » dans le jargon professionnel. Nous voyons alors l’interprète chuchoter une interprétation derrière le Premier Ministre, de manière quasi simultanée et non consécutive (l’interprétation consécutive consistant en une prise de notes par l’interprète, qui refait le discours par la suite dans la langue cible).
6. Le Président Macron interrompt alors l’interprète et signale que beaucoup de personnes dans la salle ne comprennent pas le français et auraient donc aussi besoin de l’interprétation. D’où sa proposition initiale d’une interprétation consécutive, qui aurait permis à la presse kurde ou internationale de suivre la conférence de presse. Monsieur Macron propose finalement une interprétation consécutive en anglais pour que tout le monde comprenne.
En conclusion, il existe trois types d’interprétation de conférences :
1. L’interprétation simultanée. Cette dernière est « instantanée » et se fait en même temps que l’orateur parle. Les interprètes sont généralement dans des cabines d’interprétation qui leur permettent d’être isolés des bruits ambiants et de mieux comprendre le discours original. L’interprétation simultanée peut aussi être réalisée sans cabine, à l’aide d’une valisette infoport (ou « kit mobile », ou parfois « bidule » dans le jargon). Ce système, qui ressemble à celui des guides touristiques, permet surtout d’interpréter lors de visites de sites, de chantiers, de musées, etc. Ou lors de réunions comptant peu de personnes. Les interprètes n’étant pas isolés grâce à une cabine, leur tâche est plus ardue et les bruits parasites causent parfois une perte de message.
2. L’interprétation consécutive consiste en la prise de notes par l’interprète pendant le discours de l’orateur. Après quelques minutes, l’orateur arrête de parler et l’interprète prend le relais. Il refait alors le discours dans la langue cible, sur base des notes prises. Plus l’orateur parle, plus l’interprétation est difficile pour l’interprète étant donné qu’il est difficile de relire ses notes plusieurs minutes après les avoir prises. Ce type d’interprétation est de moins en moins prisé par nos clients car il double le temps de travail (il faut en effet tout « répéter » dans la langue cible) et est assez ennuyeux pour les personnes qui comprennent les deux langues. Cette méthode est aussi moins précise que l’interprétation simultanée.
3. Le troisième type d’interprétation est l’interprétation de liaison : dans ce cas, un interprète accompagne une délégation et interprète par exemple entre deux personnes. Il s’agit d’une mode intermédiaire entre la simultanée et la consécutive car l’interprète travaille quasi phrase par phrase, entre les 2 interlocuteurs, mais ne prend généralement pas de notes. Cela permet un échange assez dynamique entre les 2 interlocuteurs. Ce type d’interprétation est généralement utilisé lors de rencontres bilatérales.